2l8                                [i 581] JOURNAL
ses droits successifs; et dont le Roy déchargea ledit duc de Mercoeur, cn s'obligeant de l'en acquitter. Et quand on remontrait au Roy la grande dépense qu'il faisoit : « Je serai sage ct bon ménager, répondoit-il, a quand j'aurai marié mes trois enfans; » entendant d'Arques, La Valette et d'O, [ ses trois mignons ].
Le dimanche a4 septembre, Ludovic, Adjacet, qui, de petit marchand et banquier à Florence, s'étoit tel­lement enrichi par la faveur de la Reine mere, qu'il avoit bâty près les Blancs-Manteaux une superbe mai­son , acheté le comté de Château-Villain cinq cents mit livres, acquis sur l'hotel de ville trente ou quarante mil livres de rente, outre ses riches meubles et autres biens; s'étant battu près Sainte Catherine du Val des Ecoliers contre Pulveret, capitaine du château d'Encise, il fot obligé de lui demander la vic, que ledit Pulveret lui accorda généreusement. Mais ce vilain, pour récom­pense de ce plaisir, étant accompagné de dix ou douze Italiens armés jusqu'à la gorge, attaqua près des Bil­lettes Pulveret étant seul avec son valet, et le laissa pour mort. Surquoy Servin, avocat, mon amy, fit co distique :
Infelix, pareil tibi, qui, Adjacete, jacenti, En jacet in medio pulvere Pulvereus.
Or esperoit Adjacet, quand il auroit tué Pulveret, en avoir incontinent du Roy sa grace, parce que Sa Majesté alloit souvent manger chez lui, et s'y éjouir; mais le Roy se souvenant qu'après avoir dit deux ou trois fois à Adjacet de payer quatre mil écus à un mar­chand pour des perles, Adjacet avoit fait le sourd, dit qu'il vouloit qu'on en laissât faire à sa justice. Son
Digitized by